Ces hommes volants Le 24 octobre dernier, regardé par le monde entier, Felix Baumgartner, un Autrichien de 43 ans, se jetait dans le vide à près de 39 km de haut, soit 5km au-dessus de la couche d’ozone. Il arrive indemne de ce grand saut depuis la limite de la stratosphère. Il a également battu des records donc celui de la hauteur et celui de la vitesse en chute libre s’élevant à 1356kmh. Il a prouvé ainsi que le corps humain peut dépasser ses limites. Aujourd’hui, un Français rêve de battre ce record du monde. Il s’agit en l’occurrence de Michel Fournier, un parachutiste retraité de l’armée. Sa préparation pour réaliser ce saut dure depuis 20 ans. Cet été, il compte bien sauter de 40 km de haut. L’envie de voler l’animait depuis son enfance, c’est la raison pour laquelle il a bâti sa carrière dans l’aviation, puis le parachutisme. Il connaît bien les nuages en totalisant 8000 sauts en parachute. Chaque semaine, Michel Fournier saute à 4.000mètres, la limite autorisée en France. Le temps de chute libre est notamment la raison qui le pousse à vouloir toujours sauter plus haut. En effet, dans l’atmosphère, il est de 1 minute alors que depuis l’espace, la chute dure plus de 7 minutes. Pour tenir ces 7 minutes, mieux vaut être bien préparé.



Suivi spécifique et minutieux de Michel Fournier Puisque Michel Fournier est sportif, il a une bonne condition physique. Toutefois, il est suivi de près par une équipe de médecins : cardiologue, nutritionniste et un spécialiste de la médecine aérospatiale, Henri Marotte. Ce médecin connaît parfaitement le phénomène auquel sera soumis le corps de Michel. Les organes essentiellement mis à contribution sont le système cardiovasculaire. Le cœur et les vaisseaux doivent alors tenir et être résistants. Le suivi consiste alors à détecter l’existence ou non d’un risque d’incapacité en vol. En plus de se préparer physiquement, notre parachutiste se prépare aussi mentalement.

La pression atmosphérique et stratosphérique Pour comprendre ce qui attend Michel Fournier, nous avons demandé à deux scientifiques de décrypter le saut de Felix Baumgartner. Le professeur Marotte et Jean-François Clervoy, astronaute et parrain du projet de Michel Fournier fournissent alors plus d’explications. Pour la montée dans l’air, Felix Baumgartner a parcouru les 39 km qui le séparaient du sol grâce à un ballon gonflé à l’hélium. Il se trouvait dans une nacelle étanche et pressurisée. En fait, la pression atmosphérique est celle qu’exercent les gaz contenus dans l’air sur la terre et les objets qui s’y trouvent. Plus on s’éloigne du sol, moins il y a d’air. La pression diminue alors, ce qui est dangereux pour le corps humain. La baisse de pression permet en fait aux gaz dans le sang de se transformer sous forme de bulles pouvant bloquer les vaisseaux. Afin de protéger le parachutiste à sa sortie du ballon, il porte une combinaison spéciale. Pour Michel Fournier, le professeur Marotte en a réalisé, dont une combinaison stratosphérique et un casque de scaphandre. Cet équipement permet à un sujet de monter en altitude et de le protéger pendant quelques dizaines de minutes. L’intérieur de la combinaison comporte une poche gonflable. Une fois remplie d’air, elle appuie sur le corps de Michel Fournier pour simuler la pression atmosphérique.



La loi de la chute libre Le fait de supporter la vitesse de la chute est le second exploit de Felix Baumgartner. Lorsqu’il s’est élancé de la nacelle, ce parachutiste a chuté dans un vide presque total. La vitesse s’élève à 1356 km/h puisque la résistance de l’air n’existe pas dans le vide. Les objets, quel que soit leur poids, tombent donc à toute vitesse. Dans un tube, plaçons une bille de métal lourd et un morceau de polystyrène léger. Lorsqu’on retourne le tube, la bille de métal tombe en premier. Recommençons cette expérience en vidant l’air du tube, la bille et le polystyrène tombent tous les deux à la même vitesse. En chute libre, la loi d’accélération de la gravité est la même pour tous les corps, quels que soient leur masse et leur volume. Dans le vide, il n’existe aucune autre force que le poids. Tous les corps s’accélèrent à raison de 10 m/s. Au bout d’une trentaine de secondes, Felix Baumgartner a dépassé la vitesse du son qui est de 1224km/h.

Le phénomène de turbulence A un moment de son trajet, le corps de Felix Baumgartner s’est mis à tournoyer. En fait, en pénétrant dans l’atmosphère, il a rencontré des écoulements d’air instable. Ce même phénomène provoque les turbulences dans les avions. Pour bien le comprendre, il suffit de prendre une feuille de papier. En soufflant délicatement, celle-ci se soulève. En revanche, en soufflant plus vite, son extrémité se met à vibrer. En plus d’être extrêmement spectaculaires, les sauts dans l’espace sont riches d’enseignements pour l’avenir de l’aéronautique. Les scientifiques s’en inspirent pour développer les vols touristiques dans l’espace. L’idée est de pouvoir évacuer en toute sécurité les passagers si l’avion se situant à 100 km du sol est en danger.