Des réflexes archaïques aux réflexes volontaires Les réflexes sont des comportements automatiques très anciens. Certains sont même présents dès la naissance. Ce sont les réflexes archaïques. A la maternité d’un hôpital de la région parisienne, Aude Buil, psychomotricienne, examine tous les nouveau-nés. La petite Sarah est née il y a à peine 5 jours. Certains de ses réflexes sont très impressionnants. Lorsqu’on pose ses pieds au sol, elle se redresse d’abord et naturellement, elle avance ses pieds l’un après l’autre pour faire quelques pas. Un bébé peut monter des marches sans pour autant pouvoir les descendre. La vraie marche apparaît vers l’âge de 1 an. En plus de faire quelques pas, le bébé est capable de serrer très fort un doigt qui frotte délicatement le creux de sa main. Ce réflexe s’appelle le « grasping » signifiant littéralement « l’agrippement » en français. Même les pieds en sont dotés. À la naissance, ces comportements prouvent le bon fonctionnement du système nerveux central. Les comportements automatiques archaïques disparaissent au bout de quelques mois. Dans le développement d’un enfant, il faut qu’il passe d’une motricité réflexe, saccadée et involontaire, à une motricité volontaire, coordonnée. L’enfant doit acquérir la capacité de réaliser le geste qu’il souhaite faire, et arrêter d’être parasité par les réflexes archaïques.



Des bébés qui nagent Les bébés ont d’autres talents cachés. On s’est rendu dans une piscine parisienne où Bertrand Raymond anime des séances de bébés nageurs. Les plus jeunes ont à peine 5 mois. La natation est une suite de mouvements coordonnés qui fait l’objet d’un véritable apprentissage. Pourtant, dès leur plus jeune âge, les bébés ont déjà un automatisme. Dès qu’il est dans l’eau, un bébé bouge spontanément ses bras et ses pieds pour avancer. Encore plus surprenant, il bloque sa respiration pour ne pas avaler d’eau quand il est immergé complètement dans l’eau. C’est le réflexe de l’apnée. Mais malheureusement, en grandissant, ce réflexe disparaît. Si le bébé n’est pas surpris de voir l’eau, c’est parce qu’il a déjà été dans un milieu aquatique, c’est-à-dire le liquide amniotique de leur mère durant la grossesse. Alors, il retrouve une sensation de bien-être en étant dans l’eau de la piscine. Les nouveau-nés ont alors des capacités motrices dès leur naissance. Mais ça ne s’arrête pas là, ils ont aussi de surprenantes facultés intellectuelles.

Des bébés qui différencient les quantités Dans une université parisienne, une équipe de chercheurs a démontré que les nouveau-nés avaient une extraordinaire conscience des quantités. Un bébé est posé dans une cabine où on lui diffuse un son répété 12 fois. Ensuite sur un écran, il verra 2 sortes d’images avec un nombre précis de dessins. Dans le premier cas, il y en a 12, soit autant que le son entendu. Une caméra observe le temps que le bébé met pour observer chacune des 2 images. L’image que le bébé regarde le plus longtemps est celle qui correspond au nombre de son entendu. C’est la preuve qu’instinctivement qu’il fait la différence entre grande et petite quantités. À 5 semaines, c’est une prouesse. D’après la professeure Arlette Streri, la quantité auditive entendue par l’enfant correspond à la quantité visuelle qui l’intéresse. Vision et audition envoient en fait les mêmes données. Ce comportement révèle le sens du nombre et de la quantité dès les quelques heures après la naissance. On ne peut pas dire pour autant que le bébé sait compter. En effet, pour compter, il faut maîtriser le langage. Mais, cet apprentissage prend plus de 2 ans. La capacité à différencier les quantités est un réflexe de survie, commun à tous les mammifères.