Le rhinocéros, une espèce protégée En vidéo, vous retrouverez Goliath, un bébé rhinocéros qui vient de naître le 18 septembre dernier au safari de Peaugres en Ardèche. Goliath est une star, et pour cause, la naissance de rhinocéros en captivité est rare, moins de 10 par ans en Europe. Cécile Dubois s’occupe des animaux de ce parc, et nous explique pourquoi la naissance de Goliath est si attendue. Pour cette adjointe à la direction scientifique du Safari de Peaugres, cette naissance est une immense satisfaction pour cette espèce qui est en voie de disparition pour des raisons de braconnage en Afrique. Tous les rhinocéros nés en captivité serviront à préserver cet animal. Le rhinocéros blanc qui possède de belles cornes est en effet l’espèce la plus menacée par le braconnage. Aujourd’hui, il reste environ 20.000 rhinocéros blancs en Afrique. Selon les scientifiques, si rien n’est fait pour les protéger, il pourrait avoir totalement disparu dans la nature d’ici 2025. C’est pour cette raison que les zoos font naître à tout prix des petits. Mais, cette opération ne paraît pas aussi simple que ça. Cette espèce n’est pas facile à reproduire, car les temps de gestation sont longs, pouvant aller jusqu’à 16 mois et demi. Le plus difficile est l’accouplement, puisque, des fois, le mâle prend la femelle plus pour une sœur qu’une partenaire sexuelle.



La reproduction difficile des rhinocéros S’agissant de Goliath, sa mère vient d’Angleterre tandis que son père est originaire de Pologne. Ce mâle a été transporté, il y a 6 ans, par camion pour se reproduire. Dans ces rencontres arrangées, rien n’est laissé au hasard. En effet, il ne faut surtout pas que les rhinocéros qui s’accouplent soient de la même famille. Cela augmenterait le risque de maladies ou de malformation. Plus précisément, toutes les informations du corps sont conservées dans les gènes. Chaque gène possède deux versions, l’une qui provient du père, l’autre qui provient de la mère. Un animal peut ainsi être porteur d’un gène malade sans pour autant être malade lui-même. Mais, si deux animaux porteurs du même gène se reproduisent, le risque de voir apparaître une maladie est plus important. C’est ce que l’on appelle la consanguinité. Pour éviter ce problème, les scientifiques étudient la famille de chaque rhinocéros afin de choisir les partenaires potentiels. Pour cela, ils sont équipés de logiciel capable de calculer le risque de consanguinité. L’année dernière, onze rhinocéros blancs ont alors été déplacés dont sept ont déménagé dans d’autres pays. Ces échanges concernent aussi d’autres animaux que les rhinocéros. Les guépards, l’ours blanc ou les pandas roux peuvent faire l’objet de ce programme de reproduction. Parfois, la méthode naturelle ne suffit pas. Certains scientifiques travaillent donc sur des méthodes de reproduction artificielle.

La reproduction assistée d’une espèce en voie d’extinction Des animaux du monde entier vivent au parc animalier de la Haute Touche. Des scientifiques ont également installé un laboratoire au milieu du parc. Yann Locatelli est biologiste. Il a constitué un véritable zoo congelé. Dans une cuve contenant de l’azote liquide sont stockés différents échantillons provenant d’animaux. Ces échantillons peuvent être des embryons, des cellules, de la semence ou des ovules. Cette technique permet de conserver le patrimoine génétique des espèces menacées d’extinction, dont le takin, la panthère des neiges ou le gaur. La conservation se fait à une température de -196° de manière à garder intacts les échantillons pendant une dizaine d’années. Grâce à ces réserves, les scientifiques sont capables de créer des embryons d’animaux par fécondation in vitro. L’idée est de faire rencontrer un spermatozoïde et un ovule. Cette fécondation assistée permet d’augmenter artificiellement le nombre d’embryons possibles de reproduire une femelle, et obtenir ainsi plus de descendants pour des effectifs très faibles. Ces embryons grandiront dans le ventre d’une autre femelle, une mère porteuse. Celle-ci n’est pas obligée d’être de la même espèce, même si bien sûr, elle doit être génétiquement proche. Il y a quelques années par exemple, Yann Locatelli et son équipe ont réussi une première mondiale. Grâce à une cellule mâle et une cellule femelle, ils ont créé un embryon de cerf sika du Japon. Ils ont inséré cet embryon dans le ventre d’une biche élaphe. Celle-ci a donné naissance à un petit faon en pleine forme.



La réintégration dans la nature des animaux nés en captivité L’équipe a rencontré Patrick Roux, spécialiste du comportement animal à la Haute Touche. Son travail est de réintroduire, par exemple, l’oryx algazelle, un animal qui a disparu de son milieu d’origine, en Afrique du Nord, depuis 30ans. Cette réintégration paraît difficile puisque l’animal n’a pas appris à vivre de façon sauvage. C’est pour cette raison que l’animal est mis dans une réserve de façon à le rééduquer et à le raccommoder à son milieu naturel. Il est surveillé, protégé, et quand son comportement redevient sauvage, il peut être relâché dans la nature.Il est plus facile de réintégrer des herbivores que d’autres espèces qui devront apprendre à trouver leur nourriture ou à chasser. Mais dans tous les cas, l’opération prend beaucoup de temps. S’agissant de l’oryx algazelle, il a fallu une cinquantaine d’années de captivité pour avoir suffisamment d’individus et pouvoir les réintroduire et relâcher dans la nature. Dans certains pays, il est difficile de réintroduire un animal à cause d’une cohorte d’humains qui vivent sur les territoires ayant appartenu à l’animal. Aussi, avant la réintégration, il faut protéger l’environnement dans lequel l’animal a vécu avant.Même si les scientifiques peuvent faire beaucoup pour la protection des espèces, ils ne pourront pas sauver tous les animaux menacés d’extinction. L’homme doit avant tout changer ses habitudes pour protéger la nature. Ne pas détruire les forêts, ne pas polluer le lieu de vie des animaux… pour leur laisser une place à eux dans la nature.